映画「おかあさん」( http://ernesto-mr-t.blogspot.jp/2012/04/dia-de-showa.html http://ernesto-mr-t.blogspot.jp/2012/04/madre-en-espanol.html ) の英語版も、という 要望が 何人かから寄せられましたので、英語字幕版、それに、フランス語字幕版も加えることにしました。ただし、音声はどちらもオリジナル日本語です。
では、まず英語字幕版から。
次は仏語字幕版と、仏語による解説です。
Profitant d’un petit voyage à Tokyo (la
traduction française étonnante du titre du film de Ozu 東京物語), je me suis
rendu au Tokyo National Film Center, le plus joliment appelé
東京国立近代美術館フィルムセンター en japonais. Il y avait longtemps que j’avais prévu de
me rendre dans ce lieu mythique, pendant japonais de la Cinémathèque
française. Chaque mois, de nouvelles programmations alléchantes sont
organisées et pour les provinciaux, dont je suis, il n’est pas toujours
facile de prendre part aux festivités.
Dans le cadre d’une rétrospective de
l’actrice Kinuyo Tanaka, 田中絹代, je suis allé voir Okaasan, おかあさん, un film
écrit par Mikio Naruse, 成瀬巳喜男 en 1952. Il a fallu longtemps pour que ce
très grand réalisateur, à la filmographie si longue qu’elle en devient
indécente, soit reconnu parmi les maîtres du cinéma japonais.
Aujourd’hui, toutes les éditions les plus prestigieuses y vont de leur
coffret Naruse mais il fut un temps où nul ne pouvait voir ses oeuvres
en Europe ou aux Etats-Unis.
Ce temps-là est révolu. Aujourd’hui,
avec en tête des éditions chinoises obscures, tous ses films sont
disponibles avec des sous-titres français (pour certains) ou anglais
(pour la quasi totalité de ses films).
Quand on parle de Mikio Naruse, on pense
souvent à ses chefs-d’oeuvre intemporels : Nuages Flottants, Le Son de
la Montagne ou encore Chrysanthème Tardif, respectivement 浮雲、山の音 et 晩菊.
Il faut dire qu’au milieu de ces grands films se trouvent une masse de
réussites plus modestes. Travaillant d’arrache-pied toute sa vie, Mikio
Naruse n’a pas réalisé que des chefs-d’oeuvre, loin s’en faut, et il
s’avère particulièrement délicat de faire la part des choses quand on
apprécie un réalisateur tel que lui. Il ne faut pas oublier qu’il a
toujours été très fidèle au système des studios japonais, auxquels
s’opposeront avec virulence tous les cinéastes de la Nouvelle Vague à
venir, et qu’à ce titre, il a réalisé des oeuvres pour lesquelles il
n’éprouvait aucun attachement particulier.
Okasan fait clairement partie de ses
films mineurs. Pourtant on retrouve les thèmes qu’il a toujours chéris. A
l’origine du scénario, un concours d’essais organisé dans les écoles du
pays. Le studio a demandé à Naruse d’écrire un scénario en se basant
sur le contenu de cet essai. Ceci explique sûrement l’importance
accordée à la narration en off de Toshiko, la fille aînée au centre du
récit. Ouvrant et clôturant le film, la voix de Toshiko exprime comme
une litanie l’amour qu’elle porte à sa mère et les raisons de cet amour
filial incommensurable.
La famille de Toshiko est de condition sociale modeste. Propriétaires
d’un pressing, ses parents doivent reconstruire petit à petit leur
commerce, détruit pendant la guerre. L’histoire se déroule au début des
années 50 mais l’ombre de la guerre flotte encore sur la vie des gens,
qui luttent avec vigueur pour se sauver de la misère. A la
reconstruction difficile des bâtiments s’adjoint le retour des
prisonniers de guerre, libérés du front russe après plusieurs années de
captivité. La vie est dure mais les liens familiaux sont très forts dans
la famille et chacun essaie de vivre au jour le jour sans se plaindre.
Kinuyo Tanaka joue Masako, la mère courage typique des films
d’après-guerre. Dévouée, prête à se sacrifier pour le bonheur de ses
enfants ou de son mari, pleine de ressources et ne se plaignant jamais,
elle mène d’une main délicate les rênes de la famille.
Pendant la guerre, leur commerce ayant
été saisi, Masako et Ryosuke ne peuvent pas encore relancer leur
activité. Ils essaient donc tous de participer à leur manière à la vie
économique de la maison. Il y a Toshiko, l’aînée qui laisse déjà
entrevoir les premiers signes du passage à l’âge adulte et qui se démène
avec sa mère sur les marchés, Ryosuke, le père, fort comme un boeuf qui
en est réduit à travailler comme gardien dans une usine. A cette
famille laborieuse s’ajoutent Chako, la cadette et Tetsuo, le fils de la
soeur de Masako. Très vite oublié, Susumu, le fils aîné, meurt après
s’être échappé du sanatorium où il a été placé en raison de sa condition
de santé. Naruse laisse disparaître ce personnage avec une distance qui
fait tressaillir. Victime expiatoire de la guerre, le Japon manquant
terriblement de médicaments et d’infrastructures pour soigner les plus
malades, Masako sera la seule à vraiment éprouver de la tristesse lors
de sa disparition. Les autres personnages semblent presque nier
l’existence même du grand frère, ne l’évoquant jamais.
Le temps passe et la famille retrouve
ses droits sur son commerce. A peine le temps de respirer que Ryosuke
tombe malade. Il refuse catégoriquement d’être placé à l’hôpital en
prétextant que le coût des soins viendrait à bout des maigres économies
de la famille. Avec un mari alité et souffrant, Masako jongle entre le
pressing, les soins à apporter à son mari et les besoins quotidiens des
enfants. Sans jamais se plaindre. Si bien que la mort de son mari
passera elle aussi presque inaperçue, conséquence évidente et admise par
tous que ce sont les temps qui dictent ces règles inacceptables.
Bien que l’histoire soit ponctuée de
multiples drames, l’atmosphère générale du film n’en demeure pas moins
pleine d’humour et de bonne humeur. Entre les circonvolutions
romantiques et les quiproquos amoureux de Toshiko, les mésaventures du
pressing et les frasques des enfants, Okasan reste un film qui irrise la
fraîcheur et une joie toujours consummée. En cela, le film se démarque
des grands films des années 50 du réalisateur où subsistaient toujours
une mélancolie et une tristesse sombres et pesantes. A plusieurs
reprises, des pans entiers du film s’évadent dans la légèreté et
l’humour intervient en masse, reléguant les moments dramatiques à la
mémoire immédiate, qui les oublie sans se faire prier. La chanson Que Bella Donna interprétée
avec un talent douteux par Shinjiro, qui courtise Toshiko, lors du
festival de printemps, les gâteaux surprises du même jeune homme… Ses
tentatives ratées de séduire Toshiko sont nombreuses et sont
véritablement un moyen de désamorcer le véritable drame du film :
l’adoption de Chako par un oncle. Cette pratique était très courante
dans le Japon d’après-guerre. Pour ne pas tomber dans la misère la plus
totale, il était fréquent que des couples acceptent que l’un de leurs
enfants soit adopté par des membres de leur famille. Chako ne quitte pas
son domicile de gaité de coeur mais elle le fait dignement. Masako
l’accepte elle aussi, consciente de la difficulté pour une mère seule de
donner satisfaction aux demandes de ses enfants.
Naruse montre une fois de plus dans ce
film un talent évident pour éviter le misérabilisme. La mort de Susumu
est vraiment un exemple parfait de cette propension à nier le malheur en
lui ôtant le droit à l’image. C’est dans une ellipse d’une simplicité
déconcertante que le film passe d’une conversation entre une mère et son
fils malade aux remerciements d’après cérémonie funéraire, comme si
Naruse se refusait catégoriquement à céder à l’appel de la tristesse. Le
désespoir fait rage mais il reste dans l’ombre des petits bonheurs qui
ponctuent l’existence de Masako.
ついさっき判ったことですが、「おかあさん」は昨年10月にNHK BS で TV 放映されたのだそうです。Ernesto Mr. T は 日本の TV をほとんど見ないので、全然知りませんでした。NHK もなかなかやりますね。スペインの TVE のように受信料を無料にすれば、もっと良いのですがねえ。